BONHEURS COLLATERAUX.

Hue coco Hue ! J’ai cinq ans, je chevauche Raphaël qui en a huit.

C’est un grand, Raphaël. Il fait tout ce que je lui demande. Je ne l’oblige pas, je n’en ai pas besoin. De toute façon, je ne pourrais pas, je suis trop petite. Il vient me voir chez mes grands-parents tous les samedis et les jours de vacances scolaires. Il sait que je suis là. « Pourquoi tu joues avec moi alors que je suis une petite tu t’ennuies ? » Je ne lui pose jamais la question. Il vient c’est tout. Il apparaît au coin du chai. Il est haut. Il est silencieux, il n’est pas timide, mes grands-parents disent qu’il est timide. Il s’approche, il est gentil. Il m’aide à chercher un petit bâton souple par terre, un qui ne fera pas mal. Et je te fais mettre à quatre pattes. Raphaël. Hue coco hue !

C’est parce que je crois que tu aimes ça, que je m’assois sur ton dos, c’est pour que tu reviennes.

Je t’ordonne de me faire faire le tour de la maison. Je fais semblant de te cravacher fort. Je ris aux éclats, je suis un soleil.

Tu acceptes peut-être juste pour me faire plaisir, juste parce que je suis petite et que tu es gentil. Nous jouons le jeu tous les deux, nous vivons la même histoire. Je suis heureuse avec toi et on n’a pas besoin de se cacher. Tu es grand et je suis une plume, nous savons que c’est bien nous deux, et personne ne souffrira jamais.

Un jour tu n’es plus revenu, je ne m’en souviens pas, je ne m’en suis même pas rendu compte.

Lucie.